Route : rétrospective 7

La parole aux meneurs...

 

"Il y a quelques semaines, l’équipe bretonne rentrait de la « route du poisson ». Tous fatigués certes, mais contents. Je vais vous faire vivre de l’intérieur cette fabuleuse aventure moderne.

 

Lundi 15 : J – 1 avant le départ des camions

Il ne faut rien oublier …ou presque…harnais, selles, foin, tentes, vêtements (chaud, froid, pluie), papiers des juments….20 kg de pommes données pour l’occasion etc.

Départ du camion demain 5h30, arrivée au haras de Lamballe 8h30

Regroupement, chargement de 2 camions dans un (limiter les frais de gasoil)

Départ vers le Touquet 9h30

 

Mardi 16 : départ des camions

Les deux camions à vider sont arrivés à Lamballe avec un peu de retard (problème de démarrage, déviation sur la route). Ce n’est pas grave, il fait beau.

Le chargement se passe bien… en 1 heure, c’est bouclé…Nous sommes dans les temps.

Départ 9h30, arrivée 18h00, avec des arrêts toutes les 2 heures pour les chauffeurs et les chevaux. La météo est toujours aussi belle, le paysage aussi (passage du pont de Normandie), et l’ambiance…est au rendez vous (la boite de bonbons est terminée au Touquet).

Une fois arrivés, les chevaux sont installés en boxe, les tentes sont montées. L’omelette nous attend. La soirée se termine pour certains à 4h00 du matin au son du jumbé.

 

Mercredi 17 : journée détente et réglages

Petit déjeuner à 8h00. Le café n’est pas au rendez vous (problème électrique). Notre cuisinier rebondit et nous sert du café d’hier. Il est encore bon.

Organisation de la journée

Le matin est consacré à la détente des juments. Nous avions choisi de les monter sur la plage du Touquet : accès par le chemin équestre, parmi les pins, et la végétation commune au lieu. La météo est toujours là. La mer est basse. La plage s’étend sur des kilomètres. Les juments sont à l’aise dans un environnement inconnu. Nous sommes 4 à admirer  le spectacle…que du bonheur…

Retour au campement

L’après midi est consacré aux réglages des harnais par rapport à la voiture utilisée pour la course - relais (la même pendant 24 heures).

Nous testons l’ensemble dans les rues du Touquet avec notre cuisinier. Les juments sont en forme.

Retour au campement

Les derniers bretons arrivent (meneurs, accompagnateurs, sonneurs). L’équipe est presque au complet (environ 60 personnes).

Les derniers couchés vont s’endormir au son du jumbé et du cor de chasse de l’équipe belge « trait de cœur ».

 

Jeudi 18 : les choses sérieuses commencent

Petit déjeuner 6h00

8h00 pesage et toisage des chevaux. Toute l’équipe est en tenue, chevaux nattés. Les sonneurs nous accompagnent. Ophélie et Prisca ont un poids moyen, sans boiteries.

Résultat des opérations : les chevaux et l’équipe sont en forme.

Au retour, l’organisation d’une balade à 10 sur la plage est lancée : 10 chevaux bretons de front sous le soleil…que du bonheur…1h30 au son des pas. Ils ne demandent qu’à galoper. Il faut rester zen, pas de débordements. Un accident, une foulure 48 h avant de partir, à éviter…

Retour au campement

12h30 - repas -Toujours aussi bon. Notre cuisinier et l’intendance se donnent à cœur joie.

15h00 - Début de la première spéciale : le marathon. Les bretons passent les premiers. Une place relativement intéressante. La pression est éliminée tout de suite. Toute l’équipe sera là pour supporter François, Céline et leurs chevaux.

Préparation des chevaux : bandes de protection, crampons, scotch sur les mousquetons de sécurité, et c’est parti.

François décide de franchir les obstacles 2-3, les obstacles 4-6 sont obligatoires.

François est parti. Nous sommes là, les drapeaux aussi.

Un souci…. Les chevaux ne sont pas dedans, le meneur est déconcentré. Travailler avec du vivant n’est pas simple. La relation homme cheval existe. Le stress, la déconcentration sont communicatifs. Mais l’équipe bretonne est présente pour les soutenir.

Résultat : 10 ème place sur 15 équipes (4 équipes éliminées)

Ce n’est que le début.

Une bonne nouvelle vient de tomber : Equidia suit l’équipe bretonne sur la route (reportage prévu en novembre).

20h00 – repas pris en commun dans le manège olympique du centre équestre. Chaque équipe installe sur des tables leurs produits traditionnels. Chacun se sert et découvre les spécifitées de chacun (fromage anglais, Chablis, meringue belge….). L’équipe bretonne propose un cochon grillé (cuit tout au long de l’après midi). Il ne dépassera pas la ½ heure vu la demande.

La soirée, elle, se prolonge en Fest-noz aux sons de la bombarde, et du biniou.

 

Vendredi 20 : j-1 avant la route, le stress monte

8h00 – réunion de l’équipe pour l’organisation de la journée

9h30 – départ du défilé dans les rues du Touquet. L’équipe bretonne est en dernière position. Les sonneurs, et les costumes bretons sont mis en valeur en ouverture devant l’attelage et les 4 chevaux montés. Nous allions tradition et modernité. Passage devant la mairie, le bord de mer. Nous en avons plein les yeux et les juments aussi. La météo nous gâte. Le soleil nous régale.

Pendant ce temps, la 2ème spéciale est en route : le relais chronométré à 4 chevaux. L’équipe rencontre des problèmes (problèmes de réglage selon les juges, les chevaux de tête (les volées) se placent à l’envers) : 11ème place. Le moral n’est pas au beau fixe.

13h00 – repas toujours aussi réussi

15h00 – entraînement dételage – attelage rapide pour les novices de la route. Il faut impliquer, habituer les chevaux et les hommes---et les femmes. Les jeunes de la MFR (Maison Familiale et Rurale) s’organisent, se règlent. Nous les baptisons : les MFR Formule 1.

18h00 – départ sur le pouce de l’équipe bretonne à Boulogne sur mer pour supporter Jean Jacques pour le flobart. Autoroute A16, découverte de Boulogne, direction Nausicaa, port de pêche, parking …. Vite direction la plage…découverte de la grande allée dans le sable de 200m entourée de spectateurs…toujours autant de monde…

Les bretons sont dispersés, mais ils sont là pour JJ. Justement il est au départ. Oscar et Jacinthe échauffés, sont attachés au flobart (barque sur patin tenue de chaque côté par 2 coéquipiers pour garder l’équilibre). Les chevaux sont calmes. JJ aussi. Top départ. Oscar et Jacinthe sont dedans. Ils démarrent ensemble dans le calme…150m plus loin…arrêt…

note 160/160 …résultat 1er aequo. Super travail. Le moral remonte, demain la route.

Ce soir le campement restera calme…pas de jumbé…

 

Samedi 21 : la route enfin

9h00 - départ du camion avec 2 paires (la mienne, et celle de Michel)

10h30 – arrivée à mon premier relais – commune de Buire le sec – pause café

Déchargement d’Ophélie et de Prisca. Le camion repart vers la commune de Vironchaux : mon point d’arrivée.

Je réussi à attacher les juments au camion de l’équipe boulonnaise. L’esprit de la route est là. Je choisie ce moment pour écouter et échanger des points de vue sur nos races respectives (les mêmes en résumé). L’heure du relais approche : à Buire le  sec, en plein village, dans un carrefour, se mélangent spectateurs, chevaux, voitures, tracteurs dans un souci sécuritaire (pour ceux qui connaissent : ambiance point de ravitaillement endurance montée). L’équipe bretonne suiveuse arrive : la chef d’équipe, la vétérinaire, le maréchal, l’équipe des haras avec la voiture de réserve, les MFR F1. Nous sommes prêts. Rémy, mon groom, prend sa carte au dernier moment (étape aventure type TREC).

Déclaration de l’équipe bretonne au 500m. Philippe et Alain arrivent…déclenchement des chronos… (le temps désattelage- attelage est compris dans notre étape – 15 km en 13km/h). Les paires sont échangées en 2 temps 3 mouvements, et c’est partis. Tout se passe bien. Les juments sont là. Prisca comme à son habitude se balade, Ophélie elle, est à fond. Les spectateurs sont présents au bord de la route, à leurs fenêtres, sous le soleil.

Attention arrivée à Vironchaux. Le monde toujours…top…arrivée dans le temps imparti…échange des paires. Michel et Philippe sont partis vers Pontoile. Ophélie et Prisca sont douchées. Elles sont contrôlées par un vétérinaire officiel à 5 mn : R.A.S. leurs pulsations cardiaques sont à moins de 80 … tout roule…suite à la prochaine étape.

Nous nous accordons une pause casse croute, Ophélie et Prisca une pause floconnée.

Tout le monde dans le camion, direction Pontoile, sans couper l’itinéraire de la route (pénalités).

Pour Michel et Philippe R.A.S…et toujours autant de monde - direction Amiens pour la suite, une étape de nuit nous attend.

L’équipe se perd à Amiens… pas moyen…mais l’esprit de la route reste avec nous. Un passant nous indique la route…mieux encore…il nous envoie directement au lieu de rassemblement…merci encore

Il est 21h00. Les résultats de l’équipe tombe : Anne Lise remporte la Kür (reprise montée libre en musique) …super …toutes les étapes sont dans le temps avec des récupérations cardiaques extras….Jean Jacques remporte la maniabilité traction (changement plus tard du règlement, pas de commentaires)… Jean Jacques termine 6ème de la maniabilité à la voix…

Le moral est au beau fixe.

Pause diné des chevaux et des personnes.

Le camion repart. Nous le rejoindrons à Hébrécourt.

Nous réussissons à attacher les juments au camion de « l’équipe des Hardi Mareyeurs » : une équipe motivée et méritante (intégration de personnes handicapées et valides).

L’heure approche. Les juments sont prêtes. Mais l’équipe suiveuse n’arrive pas. Vincent est déclaré aux 500m…Toujours pas là…

Ouf les MFR F1 arrivent …5mn avant le relais – rapide (déviation et fatigue aussi)

Toujours aussi pro, et efficace. Les paires sont échangées très vite (6ème temps). Top

Le caméraman d’Equidia est pris en marche…Vite il faut sortir d’Amiens…Au bout de 2 demi-tour, de 3 feux rouges, c’est bon. L’attelage roule dans la nuit. Le projecteur de la voiture d’attelage ne fonctionne plus. Les juments suivent la route au gré des phares de la voiture suiveuse du pilote (team technique GPS, traceur, carte routière), de la lumière de la caméra… Impressionnant…je me suis rendu compte de la capacité d’adaptation à la lumière des juments (les chevaux la nuit, voient mieux que nous).

2 km avant la ligne d’arrivée, 1 km, 500m, …arrivée à Hébrécourt (ancien relais de poste)…

Surprise…toujours autant de monde….à 1 heure du matin…

Contrôle véto…les juments sont toujours à moins de 80 pulsations à 5 mn de l’arrivée.

Pour nous, c’est fini… contrat rempli…pas de pénalité sur nos étapes…les juments vont bien…l’équipe aussi…maintenant il faut rentrer dormir à Chantilly à 100km.

Nous récupérons la paire de Michel à Conty.

Pour lui aussi, R.A.S

Pilotage du camion 16t  à la carte (les GPS nous ont abandonnés), arrivée au pied du château de Chantilly….grandiose…féérique…plein les yeux…

Tout le monde se couche à 5 h30, pour se lever à 9h00 : arrivée du dernier attelage de l’équipe.

 

Dimanche 22 : arrivée de la route, ouverture des yeux à 9h00

Tout le monde se lève (pour ceux qui ont eu la chance de dormir) et se précipite à l’arrivée…les drapeaux bretons sont de sortie, en même temps que les sonneurs. Notre attelage à 4 arrive….et le poisson aussi.

La route se termine. Il faut rentrer.

 Lundi sera le jour du retour….calmement…pour les chevaux et les personnes…

Résultat : 7ème au classement général (2ème équipe de race pure. La majorité des autres équipes utilisaient différentes races de chevaux de trait ; l’équipe bretonne était constituée essentiellement de chevaux bretons).

Certes, le résultat est loin de nos espérances. Mais l’important, c’est de connaître et de reconnaître la valeur de nos chevaux bretons, et de notre équipe.

En partant, les vieux routards de la route m’avaient dits « la route tu sais, c’est quelque part une aventure humaine. Les chevaux sont là pour nous le rappeler».

Je les crois maintenant."

 

Alice Bodet, meneuse à la route

 

Article mis en ligne le 12/11/2008.



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